★★★★★
Rhapsodie Américaine
Extrait de la présentation de Patrick PÉRONNET, docteur en musicologie
La pièce s’ouvre par une fanfare (cuivres et percussions) incertaine et hésitante qui s’interrompt et ne trouve son élan qu’à la 4 reprise. Elle est introductive d’une marche modulant sur des arpèges des bois pour aboutir dans un éclat puissant de l’orchestre en fanfare.
Cette introduction n’est en fait qu’une invitation faite à l’orchestre pour entendre les harmoniques répétitives de la guitare électrique (1’45’’), sorte de fréquence radio sur laquelle se lissent des accords bitonaux des bois et des descentes de basse. La trompette et le saxophone ténor de l’ensemble de musique actuelle (à 2’40’’) introduisent le premier thème jazz de cette rhapsodie (2’55’’). Un son riche, soutenu par la basse électrique, est porté par une écriture thématique pleine de fraîcheur avec des soli proches du free jazz voire d’une inspiration « pinkfloydienne » ou mieux encore, un hommage à Franck ZAPPA (1940- 1993) avec solo de guitare électrique légèrement saturée et ruptures permanentes. Le groove tourne avant de s’apaiser (5’20’’) dans des brumes océaniques.
Le second thème (lento) de la rhapsodie prend des aspects qui ne sont pas sans rappeler Léonard BERNSTEIN et quelque air de West Side Story bien qu’il n’y ait aucun plagia mais plutôt un hommage. Ce ne sont pas les notes mais l’esprit des Sharks et des Jets qui se fait entendre ici.
Le troisième thème (à 6’30’’) débouche brutalement sur le boulevards de Beverly Hills. Il semble plus proche de la soul et du rhythm and blues (RnB) à la mode séduisant des grandes années de la Motown des années 1960-1970, tout en citant brièvement un America bernsteinien. À moins qu’il s’agisse d’une citation clin d’œil au Mais non, mais non d’Henri SALVADOR ? Quoi qu’il en soit, les dysharmonies savantes donnent tout son sens à cette musique proche du free et le saxophone ténor nous entraîne dans le caveau sombre d’un club de jazz le temps de se familiariser avec cet univers et ses rythmes balancés. Le quatrième thème, annoncé au piano, s’apparente plus à une musique populaire de plein air, entre cirque et parade. La batterie perturbe le tout (à 11’37’’) rappelant à la fois les thèmes 3 et 2 et se terminant dans l’écriture d’un final cinématographique triomphal. L’esprit de John Williams n’est pas loin. Sans doute l’auditeur peut-il être déstabilisé par la diversité des thèmes, voire leurs juxtapositions étranges puisque relevant d’esthétiques différentes.
Mais Sofiane MESSABIH nous rappelle qu’une rhapsodie reste une pièce instrumentale de forme libre dans laquelle sont juxtaposés, plus que combinés ou développés, des thèmes généralement empruntés à une musique nationale ou régionale. N’oublions pas que la Rhapsodie présentée ici est américaine et qu’elle est parfaitement adaptée pour contribuer à la rénovation des répertoires des orchestres d’harmonie et qu’elle saura enchanter un public qui doit se
renouveler, lui aussi.
La pièce tire son nom du roman éponyme de Richard Powers, celui-ci nous dévoilant de façon romanesque certaines découvertes incroyables du botaniste Peter Wohlleben, notamment que les arbres communiquent entre eux via un réseau très complexe ! Le concerto, volontairement de forme classique, s’inspire de ce fait naturel.
• Origine, le premier mouvement, nous dévoile la genèse de la nature, ses splendeurs, ses couleurs, son agressivité et sa douceur à la fois.
• Wood Wild Web décrit le réseau de communication entre les arbres.
• Invictus Patchamama est un tableau plus noir, éternel combat entre l’homme et la nature.
Ayant abordé récemment les échelles avec Philippe Boissieux, Sofiane a développé et utilisé cette technique dans son concerto, chaque mouvement utilisant sa propre échelle, en lien avec l’argument de chacun d’eux.
La partition est accessible pour l’orchestre (peut-être une ou deux petites difficultés techniques chez un ou deux pupitres, mais rien de vraiment difficile), celle des saxophonistes étant évidemment pour un quatuor soliste confirmé. La nomenclature étant classique.
Œuvre et compositeur à découvrir !
★★★★★
L'Arbre Monde
Extrait de la présentation deMaxine Aulio, compositrice et cheffe d'orchestre